En l’honneur du mois de l’archéologie qui se termine, découvrez le mémoire de maitrise de Chloe Lee-Hone et voyez ce que les perles de verres du lac Abitibi ont à nous apprendre au sujet des routes de traites au 17e siècle.
Un texte de Chloe Lee-Hone, avec la collaboration de Guyane Beaulieu
Dans le Nord-Est américain, la première moitié du 17e siècle est le théâtre de fluctuations et de négociations dans les relations entre les Autochtones et les colons européens. Tadoussac figure comme une plaque tournante de l’échange interculturel, et les perles de verre d’origine européenne témoignent aujourd’hui de ces échanges. À partir de Tadoussac, elles ont voyagé à travers l’arrière-pays du Québec sur les routes de traite autochtones qui remontent à plusieurs milliers d’années dans le passé. Ces routes septentrionales demeurent toutefois mal documentées archéologiquement, c’est pourquoi, en 1942, George Hunt a proposé l’existence d’une route du Nord qui liait le lac Saint-Jean à la baie Géorgienne au 17e siècle[1].
Dans les années 1970, plusieurs sites archéologiques ont été découverts sur la Pointe Apitipik, aujourd’hui reconnue comme un lieu patrimonial, dans le sud-est du lac Abitibi. Parmi ceux-ci, les sites Bérubé, Margot, et Louis représentaient d’excellents candidats pour l’étude des routes de traite et des échanges interculturels au 17e siècle. Le site Bérubé, qui fut fouillé entre 1975 et 1976 par les archéologues Roger Marois et Pierre Gauthier, était d’un intérêt particulier, puisqu’il a livré l’une des plus grandes collections de perles de verre connues aujourd’hui au Québec.
Les 4518 perles de verre de ces sites, majoritairement de couleur blanche ou bleu foncé, sont attribuables à la période entre 1600 et 1620, aussi connue comme la Glass Bead Period II. Ces collections sont aujourd’hui entreposées à la Corporation Archéo-08, qui se charge de la protection, de l’excavation, et de la vulgarisation scientifique dans la région de l’Abitibi-Témiscamingue depuis 1985.
Pourquoi se concentrer sur les perles de verre? Malgré leur petite taille, elles sont d’une utilité particulière pour les archéologues, vu l’existence du système de classification Kidd et du système chronotypologique Kenyon. Cette première a normalisé la classification des perles de verre en fonction de leur technique de fabrication et de leurs attributs visuels, ce qui permet notamment la comparaison des perles entre différentes collections archéologiques. Quant au système Kenyon, il permet de situer les perles dans le temps en fonction de cette première classification.
Certains styles de perles sont diagnostiques d’intervalles temporels restreints entre 1580 et 1650, ce qui permet d’assigner ces dates aux couches dans lesquelles les perles ont été découvertes. Ensemble, ces deux systèmes permettent de dater les sites à l’étude et de comparer les perles des sites Bérubé, Margot, et Louis à celles provenant des sites près de Tadoussac, soit l’un des points d’entrée vers le subarctique québécois et le lieu de maints échanges entre les Autochtones et les Européens. Une fois échangées, les perles ont voyagé avec les Autochtones vers l’Abitibi-Témiscamingue sur les routes fluviales et les lacs qui parsèment ce vaste territoire.
Ces petits artefacts ont alors permis de dater les sites Bérubé, Margot, et Louis, ainsi que d’identifier les liens probables entre les régions du Saguenay–Lac-Saint-Jean et de l’Abitibi-Témiscamingue. Elles témoignent également des échanges et des négociations entre les colons français et plusieurs communautés autochtones au 17e siècle.
Note 1 : Pour en savoir plus, consultez le mémoire de maitrise de Chloe Lee-Hone, disponible ici.
Note 2 : Crédit pour la photo qui coiffe l'article : Perles de verre provenant du lac Abitibi. Source : Corporation Archéo-08. Photographe : Chloe Lee-Hone, 2019.
[1] Cette hypothèse fut reprise par Bruce G. Trigger dans son livre Les enfants d’Aataentsic : L’histoire du peuple huron, publié originellement en 1976.
Toutes les dernières actualités de la Maison Dumulon
Blogue
Une oeuvre numérique à la Maison Dumulon
Une oeuvre numérique qui marie le savoir d'aujourd'hui et l'histoire de Rouyn-Noranda, c'est le pari qu'à relevé la Maison Dumulon et le Petit Théâtre du Vieux Noranda. Afin d’en découvrir plus sur l’histoire de la région et de Rouyn-Noranda, les deux organismes ont...
L’origine de Louvicourt par Stéphane Gélinas
Des histoires...Toujours des histoires Ep.5 Corporation de La maison Dumulon · L'origine de Louvicourt par Stéphanie Gélinas Pour ce cinquième et dernier épisode du balado "Des histoires...toujours des histoires!", Stéphane Gélinas nous raconte l'origine du nom...
Vassilissa la sage par Céline Lafontaine
Des histoires...Toujours des histoires Ep.4 Corporation de La maison Dumulon · Vassilissa la sage par Céline Lafontaine Connaissez-vous la mythologie slave ? Céline Lafontaine, une conteuse aux multiples facettes nous offre, sur un plateau d'argent, une pointe de...
Boom Town Communiqué
COMMUNIQUÉPour diffusion immédiate La Corporation de La maison Dumulon et le Théâtre du Tandem présentent Boom Town, une pièce de théâtre déambulatoire! Acheter un billet ROUYN-NORANDA, 29 juin 2021 – La Corporation de La maison Dumulon et le Théâtre du Tandem...
La course de bains par Mélanie Nadeau
Des histoires...Toujours des histoires Ep.3 Corporation de La maison Dumulon · La course de bains par Mélanie Nadeau Son idole est Passe-Partout. Elle est nostalgique des belles années 70 et 80 et a un grand besoin d'humanité. Bien ancrée dans le...
C’est l’été à la Corporation de La maison Dumulon !
Rouyn-Noranda, jeudi 17 juin 2021 – On troque nos chemises à carreaux pour nos chemises fleuries, car la saison estivale est lancée à la Corporation de La maison Dumulon! Notre horaire d’été prend place dès le lundi 21 juin et nos activités hors les murs débutent le...
La légende de la chasse-galerie par Mélanie Roberge
Des histoires...Toujours des histoires Ep.2 Corporation de La maison Dumulon · La légende de la chasse-galerie par Mélanie Roberge Mélanie Roberge, une conteuse de Val d'or, nous jase "d'histoires à bouche". Elle nous raconte aussi la chasse-galerie, à sa façon, en...
“Des histoires… toujours des histoires”
COMMUNIQUÉ DE PRESSEPour diffusion immédiate « Des histoires...Toujours des histoires »le premier balado de la Corporation de La maison Dumulon Rouyn-Noranda, le 9 juin 2021 – Le Corporation de La maison Dumulon a le grand plaisir d’annoncer la diffusion de...
Le balai du Wendigo avec Marta De la Calzada
Des histoires...Toujours des histoires Ep.1 Corporation de La maison Dumulon · Le balai du Wendigo avec Marta De la Calzada Une conversation avec Marta de la Calzada, une conteuse d'origine espagnole du Cercle des conteurs de l'Abitibi-Témiscamingue, qui était...
De la mémoire à l’histoire
Témoin de la riche histoire de Rouyn-Noranda, la maison Dumulon conserve entre ses murs de bois rond, les récits des hommes et des femmes qui ont bâtit l’Abitibi-Témiscamingue. Porter un regard sur le patrimoine qui nous entoure, c’est comprendre un peu mieux notre histoire et le monde dans lequel on vit…