Photo qui coiffe le billet : L’île de Bert MacDonald, lac Osisko. Charles Ladouceur, 1938-1939. Source : Ladouceur, 1939, Album souvenir de Rouyn & Noranda, [sans pagination].

Un texte de Guillaume Marcotte, historien

L’île Bert MacDonald est située tout près de la rive sud du lac Osisko. Plusieurs résidentes et résidents de Rouyn-Noranda sont probablement déjà familiers avec ce site, et certains connaissent sûrement aussi l’histoire de la petite maison de bois rond, construite sur l’île au début du 20e siècle. L’équipe historique de la Corporation de La maison Dumulon a tenté d’en apprendre un peu plus sur le sujet durant l’été 2020.

Tout d’abord, l’île semble avoir été occupée à la période historique à partir de 1922 ou 1923. Léon Dumulon, de la famille de pionniers du même nom qui commence son aventure commerciale dans la région à cette époque, remarque à l’automne 1923 qu’un nommé Bert MacDonald est établi dans un camp sur cette petite île. Deux autres hommes dont le nom est inconnu partageaient aussi l’habitation. Léon Dumulon y passa également les fêtes de Noël 1923. Ces quatre individus sont considérés comme les premiers colons du lac Osisko, et conséquemment de ce qui deviendra la ville de Rouyn. À peu près rien n’est connu de Bert MacDonald, sinon que son occupation de l’île est probablement liée aux activités d’exploration minière en pleine expansion dans les environs, et qu’il était venu de Porcupine en Ontario. Sa maison servait peut-être aussi d’auberge informelle dans ses débuts.

Vue de l’île MacDonald sur le lac Osisko à Rouyn. Vavasour & Dick, ca. 1925-1935. Source : Bibliothèque et Archives nationales du Québec, Rouyn-Noranda, Fonds Fonderie Horne, P123,S1,P37.

Étant donné la taille minuscule de l’île, l’endroit n’a sûrement servi qu’à des activités domestiques, bien qu’il soit fort possible que le propriétaire du bâtiment ait exercé des activités de prospection minière et/ou commerciales dans les environs. Comme cette habitation a été érigée dans les années qui ont précédé l’apparition des villes de Rouyn et de Noranda, on peut supposer que la chasse et la pêche ont occupé une place importante dans l’alimentation de MacDonald, peut-être davantage que les denrées alimentaires non périssables importées dans la région. Le témoignage de Léon Dumulon sur Bert MacDonald fait d’ailleurs référence à la rareté des denrées importées au début des années 1920. Cette diète a dû complètement changer quelques années plus tard, avec la construction des villes de Rouyn et Noranda et l’amélioration des voies d’accès, tant ferroviaires que routières à la fin des années 1920.

Trois photographies montrent ce qui semble être le seul bâtiment de l’île : une maison de rondins. La première montre un bâtiment de forme rectangulaire. Une passerelle rudimentaire relie l’île à la terre ferme et des canots sont accostés du côté droit de la passerelle à l’endroit qui semble le plus propice au débarquement sur l’île. La deuxième photographie montre une partie du même bâtiment, ainsi que ce qui semble être une version améliorée de la passerelle. Finalement, une troisième photographie montre le bâtiment avec un agrandissement sur le côté qui fait face au photographe; probablement une véranda à droite, et une pièce supplémentaire à gauche, ainsi qu’une cheminée en maçonnerie. La passerelle semble une nouvelle fois améliorée. Il y a tout lieu de croire que ces trois photographies représentent autant d’étapes d’amélioration de l’habitation, de façon chronologique.

Vue de la passerelle qui mène à l’île MacDonald sur le lac Osisko à Rouyn. Vavasour & Dick, ca. 1925-1935. Source : Bibliothèque et Archives nationales du Québec, Rouyn-Noranda, Fonds Fonderie Horne, P123,S1,P38.

La date de fin de l’occupation de l’île de façon permanente nous est inconnue. Une fois le bâtiment détruit ou démantelé, l’île a continué d’être fréquentée de façon passagère par les résidents de Rouyn-Noranda, tel qu’attesté par la présence de nombreux déchets et sites de feux de camp. Les interventions archéologiques menées par notre équipe, à l’été 2020, ont d’ailleurs permis de confirmer que les restes du bâtiment ont été soit poussés dans le lac, ou soit transportés ailleurs. Malheureusement, il n’aura pas été possible pour nous d’en apprendre beaucoup plus en raison de la perturbation du site. Le brouillard continuera donc de planer encore longtemps sur l’île mystérieuse du lac Osisko.